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بسم الله الرحمن الرحيم

SECTION 1

CHAOS

LES SIGNES

LES SIGNES

Il est venu le temps des bâtisses sans fins
Que brandissent les gueux vers un ciel anémique
Et chargé d'une mort au relent métallique
Que diffusent des vents aux souffles assassins

Il est venu le temps des fidèles aux mains
Que consume la braise ardente et maléfique
Du séjour accablé du règne satanique
Qui s'étend ici-bas jusqu'aux moindres confins

Il est venu le temps de l'ignoble commerce
Il est venu le temps de l'étreinte perverse
Et de l'enfant jeté sur le sinistre autel

C'est le temps douloureux de l'inique messie
Qui s'apprête à surgir au déchirant appel
De la frêle innocence que l'on sacrifie

(18 août 2018)

L'ABANDON

L'ABANDON

Est-ce l'heure déjà des trompeuses saisons,
De la terre qui tremble et des pauvres moissons,
De la simple servante engendrant sa maîtresse,
Et de l'enfant martyr que ronge la détresse ?

Le temps comme un étau se resserre et oppresse
Et, comme le sadique à l'immonde caresse,
Entraîne dans le jeu d'inavouables passions
L'égaré qu'il accable de sourdes pulsions.

Une engeance fétide accomplit la besogne
Menant paître la troupe éteinte sans vergogne
Au champ décomposé de l'humain abandon
Où ne fleurira plus ni espoir ni pardon.

N'y poussent même pas l'ortie et le chardon ;
À peine y trouve-t-on quelque rare brandon,
Et la bête puante qui souffle et qui grogne,
Et le corps que charrie une sombre Vologne.

(19 août 2018)

LES HEURES

LES HEURES

L'heure s'est consumée
Comme un tison ardent
En une âcre fumée
À l'immonde relent

Elle exhale le soufre
Et la mort et le sang
Et présage le gouffre
Où ne va l'innocent

Une autre la remplace
Aussi rapidement
En portant la menace
Du même châtiment

Ainsi brûlent les heures
À l'ère du tourment
Que promettent majeures
Les fautes qui s'y meurent
Tout en s'y consumant

(20 août 2018)

LA NOUVELLE SODOME

LA NOUVELLE SODOME

S'enchevêtrent les corps 
Comme un nœud de vipères
Que des génies retors
Soumettent sans efforts
Aux spasmes adultères

Les femmes sans pudeur
Enlaçant d'autres femmes
Se tordent d'un bonheur
Éphémère et trompeur
En étreintes infâmes

Et les hommes repus
Des caresses des hommes
Satisfaits d'être nus
Sont les enfants déchus
Des nouvelles sodomes

Fils et filles d'Adam
Se vautrent dans les fanges
De l'orgasme insolent
Et du râle indécent
En de glauques échanges

Et de ces lupanars
Qui s'agitent sur terre
Fleurissent des bâtards
Égarés et hagards
Qui traînent leur misère

(20 août 2018)

LES JINN

LES JINN

Quand l'esprit se dérobe et dérive aux confins
De l'humaine raison en délires malsains
Ils opèrent les Jinn aux forces assassines
Quand résonnent les voix de factices défunts
Ou s'éveillent soudain de perfides desseins
Ils opèrent les Jinn aux forces assassines

Quand invoque celui qui souffle sur les nœuds
Pour un sort aux effets des plus calamiteux
Ils opèrent les Jinn aux forces assassines
Quand les hommes libèrent ce qu'ils ont en eux
De plus incontrôlable et de plus vaniteux
Ils opèrent les Jinn aux forces assassines

Quand la nuit se déchire en de longs aboiments
Quand une ombre apparaît et s'efface à l'instant
Ils opèrent les Jinn aux forces assassines
Et quand l'âne apeuré pousse des cris déments
Ou quand un cobra pose un regard insistant
Ils opèrent les Jinn aux forces assassines

Et quand l'enfant gémit sur le fatal autel
Au moment où sur lui se pose le scalpel
Ils opèrent les Jinn aux forces assassines
Quand l'immonde catin qui se vend à l'hôtel
N'écoute même plus l'authentique rappel
Ils opèrent les Jinn aux forces assassines

À grands coups de ghettos et de phosphore blanc
En antique Judée ou au vieux Pakistan
Ils opèrent les Jinn aux forces assassines
Éternels ouvriers du diabolique Plan
Redoutables enfants du rebelle Satan
Ils sévissent sans fin ces sombres shayatines

(20 août 2018)

DÉSILLUSION

DÉSILLUSION

Tu rêvais dans le temps de ta prime jeunesse
De fortune et de gloire et de fleuves d'argent,
Tu te voyais déjà au sommet et nageant
Dans la facilité d'une morne paresse.

Le succès te flattait de sa vile caresse :
Tu étais entouré d'un monde t'adorant,
D'une foule d'amis, de femmes t'implorant,
Que tu récompensais avec ample largesse.

Mais lamentablement ton rêve s'affaissa :
Car tu n'es qu'un chômeur au maigre RSA
Qui trompe son ennui dans la drogue et la bière.

Tu n'as pour tout ami que le gars qui te vend
Ta merde, et pour amante une horrible rombière,
Et pour toute fortune un peu d'herbe et du vent.

(30 août 2018)

LA MAISON

C'est au fond d'un jardin une maison de pierre 
Recouverte de ronces de mousse et de lierre 
Qui scrute le passant 
Devant passe un chemin menant au cimetière 
Qu'empruntent seulement la veuve singulière 
Et le mort innocent 

On y entend parfois un étrange murmure 
Comme un hôte caché qui siffle et qui susurre 
Un air inquiétant 
Et ce frémissement sans commune mesure 
Qui semble remonter du fond de la masure 
N'est pas celui du vent 

Des fois bouge un rideau à l'antique fenêtre 
Et on dirait qu'une ombre qu'on n'a pas vu naître 
S'y découpe un instant 
Se figeant en silence avant de disparaître 
Dans le noir insondable et le froid qui pénètre 
Du sombre bâtiment 

Nulle âme ne vit plus, nulle humaine présence 
En ces murs envahis de sourde malfaisance 
Et d'effroi déchirant 
Ceux qui vinrent s'en furent frappés de démence 
Et comme possédés par l'insane occurrence 
Qui s'y terre en tyran 

Quel ifrit insolent en ce glauque repère 
Du spirite imprudent fait éclater le verre 
Et manipule et ment 
Faisant croire à qui veut qu'il est l'âme qui erre 
De l'ancêtre inconnu que l'on a mis en bière* 
Un siècle auparavant ?

(04 septembre 2018)

*Variante : De l'ancêtre inconnu que l'on a mis en terre

La Maison - Signes - Stéphane Abdallah ILTIS
La Maison - Signes - Stéphane Abdallah ILTIS
LA MAISON
COMPLAINTE VICTIMAIRE

COMPLAINTE VICTIMAIRE

Nous sommes les élus à l'antique souffrance
Éternelles victimes du pire tourment
Que nous nous transmettons comme le testament
De notre vieille race et de sa longue errance

Et nous la brandissons comme l'ultime offense
Quand ayant essaimé l'usuraire ferment
Nous devons récolter inévitablement
Le raisin du courroux de la gentille engeance

Et nous nous lamentons d'un lamento vengeur
Attisant un brasier à la vive rougeur
À la flamme duquel s'échauffe notre haine

Et nous faisons payer sans trêve ni repos
Aux troupes des nations cette masse inhumaine
D'avoir été jetés par monts et puis par vaux

(05 septembre 2018)

LES JUGES

LES JUGES

Dans les temples d'airain aux colonnes antiques
Où se met en balance l'humain abandon
Ils se dressent en noir et dénués de pardon
Les grands maîtres imbus des codes hiératiques

Ces hérauts fraternels des antiennes laïques
Fidèles au serment des loges de renom
Ne jugent obédients qu'en leur auguste nom
Condamnant en vertu d'ordres initiatiques

D'un paraphe cinglant immolant le pater
Au service du fils d'Aurore et Jupiter
Ces vénérables sont le siècle qui gouverne

Ainsi fait et sévit le nouveau Sanhédrin
Qui farouchement garde le mythe moderne
Sur quoi règne et gémit impunément l'Humain

(17 septembre 2018)

LE RAPPEL

LE RAPPEL

Comme autant de flambeaux se consument les signes
Dans la nuit du chaos
Les attise la horde des diables insignes
Sans trêve ni repos

Comme autant de lueurs éclairant le fidèle
Ces tisons de l'enfer
Rappellent à qui veut le serment du Rebelle
Et sa poigne de fer

On y voit s'agiter les affres de nos âmes
Éprises des remords
Dont se gavent avides les funestes flammes
Du brasier retors

Ils égrènent le temps à l'approche de l'Heure
Comme un sable écoulant
Le décompte fatal où en guise de leurre
L'Infâme est souriant

L'égaré s'y réchauffe enivré de paresse
Et de renoncement
Tout à cet abandon de la vile caresse
Et du consentement

Quant-à l'humble qui craint et qui baisse la tête
Pour ne pas s'éblouir
Il avance tout droit sans que rien ne l'arrête
Ou le fasse mentir

(27 septembre 2018)

DOUNYA

DOUNYA

C'est un âpre chaudron où fermente en un lit
De luxure et de sève
Une masse indolente qui grouille et qui vit
De fantasme et de rêve

S'y mêlent des relents de ventres rassasiés
Aux effluves morbides
Des chairs et des tissus salement nécrosés
De cadavres sordides

Tout y part en lambeaux et se décomposant
Se déverse en un fleuve
Qui serpente et s'étire et s'écoule abondant
Sans qu'une eau pure y pleuve

Cette vague de pus à l'âcre puanteur
Alimente l'abîme
Où la mène et l'y meut le serment du Menteur
Où plus rien ne rédime

Qui s'attache à ce bain sale et nauséabond
D'impavide luxure
Ne saurait s'élever au-dessus de ce fond
D'innommable souillure

Car aux yeux du pécheur cette fosse putride
Paraît comme un jardin
Où tout semble serein délicieux et limpide
Comme un rêve opalin

Il s'y vautre gaîment y ramasse fortunes
S'y enivre de vins
Régnant sur un sérail de blondes et de brunes
Aux charmes assassins

Et faisant de ce temps d'éphémères caresses
Son séjour attitré
Il attise le feu où crimes et paresses
Ne cessent de brûler

(14 novembre 2018)

CARNAVAL

CARNAVAL

Quand revient la saison de l'ignoble cortège
Sur les chars de la honte ils défilent grimés
Et se tordent malsains tous remords décimés
Comme mus et guidés par quelque sortilège

Ainsi se reproduit ce sordide manège
Chaque été sous les yeux des badauds fascinés*
Qui regardent passer ces pantins satinés**
Ivres de nudité de luxure et de neige

Fiers qu'ils sont d'étaler leur immoralité
Qu'ils présentent pervers comme une qualité
Ils s'exhibent sans gêne en immondes postures


Sous l'œil triomphateur de leur maître Satan
Qui promeut satisfait entre autres impostures***
Cet étalage odieux de son règne latent****

(11 août 2019)

*Variante : Chaque été sous les yeux des badauds chagrinés

 

**Variante : Qui regardent passer ces pantins avinés

 

***Variante : Qui promeut satisfait entre autres forfaitures

 

****Variante : Sous l'œil triomphateur de leur maître Satan
Qui expose insolent entre autres forfaitures
Cet apparat hideux de son règne latent

Carnaval - Signes - Stéphane Abdallah ILTIS
EGO

EGO

Saurons-nous abdiquer ce sinistre reflet
Qui s'empare insolent de nos âmes soumises,
Et se meut dans nos corps envoûtés sous l'effet
De sa voix qui nous vend bien des terres promises ?

Cet éphèbe arrogant qui naît de nos esprits,
Comme dans un miroir une image s'éveille,
Nous leurre et nous invite à le suivre à tout prix
Dans le feu de l'envi que le cœur déconseille.

Il est cet avatar qui occupe nos sens,
Embellit ce qu'on est par un trop beau mensonge,
Et consume discret comme un bâton d'encens
Nos heures qu'il occupe de sel et de songe.

Il a pour compagnon l'insatiable Qarîn,
Qui le guide au chemin où la raison s'égare ;
Et, sous le dévolu de cet horrible Jinn,
Il fait de l'existence une putride mare.

Et nous y pataugeons, offerts à ce duo
Maléfique, oublieux de L'Unique Présence
– Ce duo qui nous flatte et rend toujours plus beau
Chaque miasme exhalé de la fosse d'aisance.

(17 août 2019)

DE TERRE ET D'EAU

DE TERRE ET D'EAU

Un peu de la Terre a suffi
Un peu de terre et d'eau aussi
Pour assembler ce que nous sommes
Ce qu'en somme on nomme les hommes

Et de cet humus animé*
Un peu partout disséminé
Aux quatre coins de la planète
S'éleva un vent de conquête

Et ce fut l'incessant chaos
Fait de spasmes et de cahots
Et l'innocence qu'on lacère
Et les cadavres qu'on enterre

Ce fut le souffle de la mort
Inarrêtable dans l'effort
Qui depuis le temps continue
Son œuvre que rien n'atténue

Ce fut l'odieux ricanement
De l'infatigable Satan
Qui souleva tant de poussière
Y mettant l'art et la manière

Et pour cette désolation
Pour cette œuvre de damnation
Il a suffi – c'est un mystère
D'un peu d'eau et d'un peu de terre

(26 août 2019)

*Variante : Et de ce terreau animé

VIPÈRE

VIPÈRE

Dans mes veines s'écoule un horrible poison
Émanant de mon âme
Qui cherche une victime où planter sans raison
Sa terrifiante lame.

C'est un feu qui me ronge et me brûle en dedans
Comme un puissant acide,
Se propage en mon corps, comme un long cri strident
Se répand dans le vide*.

Dehors on ne voit rien que mon calme innocent
Et mon air impassible
Mais ce truc infernal qui délite mon sang
Me fait chercher ma cible.

Il éveille en mon for assoiffé de Talion
Des rêves homicides
Près de quoi la morsure et les griffes du lion
Ne sont que bois humides.

Ce mal insoupçonné, ce puissant arsenic,
C'est l'antique colère
Qui, comme le venin du silencieux aspic,
Se dév'loppe sous terre.

Et quand son heure arrive, issu de nulle-part
Sans pitié il assène
Le baiser de la mort – qu'importe le retard
Pourvu que soit la haine.

(30 août 2019)

*Variante : Résonne dans le vide.

OÙ ES-TU MON ENFANT... ?

OÙ ES-TU MON ENFANT... ?

Où es-tu mon enfant ? Tout est vide de toi...
Ton absence envahit le monde autour de moi...
Et partout je ne vois que ton ombre irréelle,
Et partout je n'entends que ta voix qui m'appelle...

Où es-tu mon enfant dans ce vaste univers
Où le noble, sans fin, le dispute au pervers ?
Es-tu sous le soleil d'une âme rayonnante
Ou dans quelque ténèbre humide et terrifiante ?

Où es-tu mon enfant ? Mon pauvre cœur t'attend...
Mon pauvre cœur a froid, reviens vite il est temps...
Reviens le réchauffer de ton large sourire,
Reviens le consoler – ton manque le déchire...

Oh, je sais maintenant ce que c'est qu'être fou :
L'absence est une corde qui serre le cou...
Il s'en faut de si peu que la nuque se brise,
Il faut rester debout et ne pas lâcher prise...

(06 septembre 2019)

L'OR PERDU

L'OR PERDU

Que cherchons-nous ici, dans ces herbes trop hautes,
Quel océan de blé ?
Jadis sur cette terre aux inégales côtes
Un trésor a poussé.

C'était un or offert, aux magiques volutes,
Aux arômes sucrés,
Qui versait dans les cœurs d'ineffables minutes
De transports assurés.

C'était cette douceur ô combien éphémère
Des esprits en éveil,
Ce trop sublime éclat de l'aurore première,
À nul autre pareil.

Mais ce sol, aujourd'hui, qui n'est plus qu'une friche
Ne laisse plus pousser
Que cette herbe insolente à l'arrogance chiche
Et au rugueux toucher.

Où s'en est allé l'or ? Et ces reflets d'opale,
Qu'en est-il advenu ?
Au-dessus de ce champ le ciel est terne et pâle
Et son éclat chenu.

Las ! Nous cherchons encore et toujours en ces plaines
De sinistre abandon
À faire rejaillir des antiques fontaines
L'intarissable don.

Car nous reste la foi en L'Unique Lumière
Qui ne périt jamais,
D'Où revit ce qui meurt, et par Quoi la poussière
Se reforme et renaît.

(15 août 2019)

JÂHILIYA

Nous avons tant souffert avant de Te connaître !

Nous ne voulions que Toi – nous ne le savions pas...

Nous mentions à nous-même et avant de renaître

Nous Te tournions le dos à chacun de nos pas...

 

Nous ne comprenions pas pourquoi tant de mal-être,

Pourquoi nous étreignait l'angoisse du trépas –

C'est que nous n'avions rien de bon à Te soumettre

N'ayant rien préparé pour Te plaire, ici-bas.

 

Et quand nous regardions parfois à la fenêtre,

Plein de mélancolie et peut-être d'effroi,

L'insondable horizon dont Toi Seul es Le Maître,

– Nous le savons Seigneur, nous ne cherchions que Toi...

(07 octobre 2021)

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