بِسْمِ اللهِ الرَّحْمٰنِ الرَّحِيْمِ
Je comprends ceux qui détestent l'Islam.
Mieux que personne.
Moi même, je l'ai très longtemps détesté.
Dès mes 16 ans, je devenais Skinhead et adhérais au Front National.
Paradoxalement, je ne regrette rien de cette période.
Et non seulement je ne la renie pas, mais encore j'affirme que je suis resté le même.
Français, je le suis et je le reste.
Je suis viscéralement lié à ce pays millénaire, par sa langue d'abord.
Puis par sa tradition.
Puis par sa terre.
Puis par le sang de mes parents, et de mes ancêtres - qu'ils soient vikings, latins, francs, gaulois...
J'ai dans mon cœur les prés Normands, les rivages Bretons, la lavande de Valensole, les sommets enneigés des Alpes et des Pyrénées, la gastronomie de Lyon...
Mais aussi les vers de Baudelaire, la voix de Hugo, la Provence de Giono, les contes de Maupassant...
Et la parole du Christ.
Tout ça ne s'arrête pas, d'un coup, avec l'Islam.
Au contraire, cela prend tout son sens.
Car l'Islam ne nie pas l'essence nationale :
"O hommes ! (...) Nous avons fait de vous des nations et des tribus, pour que vous vous entre-connaissiez..." (Coran 49/13)
Car l'Islam honore Jésus - mais aussi Marie à laquelle il consacre une Surat complète (Surat 19/Maryam).
Car l'Islam ordonne de préserver les liens du sang et de prendre soin de ses père et mère - même s'ils ne sont pas musulmans :
"Et ton Seigneur a décrété: « N'adorez que Lui ; et (marquez) de la bonté envers les père et mère : si l'un d'eux ou tous deux doivent atteindre la vieillesse auprès de toi, alors ne leur dis point: « Fi ! » et ne les brusque pas, mais adresse-leur des paroles respectueuses. / et par miséricorde, abaisse pour eux l'aile de l'humilité, et dis : « Ô mon Seigneur, fais-leur, à tous deux, miséricorde comme ils m'ont élevé tout petit »." (Coran 17/23-24)
"Nous avons commandé à l'homme [la bienfaisance envers] ses père et mère ; sa mère l'a porté [subissant pour lui] peine sur peine : son sevrage a lieu à deux ans. « Sois reconnaissant envers Moi ainsi qu'envers tes parents. Vers Moi est la destination. »" (Coran 31/14)
Paradoxalement, c'est l'Islam qui, sur le tard, m'a fait comprendre à quel point mes parents étaient importants, à quel point je les aimais.
Qui m'a fait comprendre qu'on aime les choses (son pays, sa langue...), non pas pour ce qu'elles sont, comme fin en soi, mais parce qu'elles sont autant de grâces, qui contribuent à nous enrichir et nous singulariser.
Et ce sont justement cette singularité et cette diversité qui nous permettent d'échanger et de partager avec l'autre : car si nous étions tous semblables, quelles raisons aurions-nous d'aller les uns vers les autres, où serait la curiosité de l'autre, qu'aurions-nous à donner et à recevoir ?
***
Oui, le jeune homme qui militait au Front National hier, est le même que l'homme mûr qui, par l'Islam aujourd'hui, rejette la débauche et l'anarchie, cultive la droiture et la morale.
Qui retrouve d'anciens communistes, dont le souci profond à toujours été, au-delà de l'idéologie radicale, la fraternité.
Car l'Islam fait tomber les barrières, et les discours qui enferment, et réunit les hommes autour des valeurs essentielles.
Paradoxalement, à cette époque où j'étais un anti-musulman farouche, j'avais trouvé une édition du Coran en français, qui ne m'a jamais quitté depuis, qui m'a suivi partout au cours de mes pérégrinations.
Oui, depuis 30 ans le Coran m'accompagne.
Malgré ma haine primitive de l'Islam.
Mais était-ce vraiment de la haine ?
Que cachait ce rejet viscéral, trop empressé pour être honnête ?
Quel instinct m'avait si étroitement lié à ce livre, cependant que j'en refoulais le message ?
N'était-ce pas, tout simplement, du déni ?
Car la haine est très proche de l'amour.
Passionnelle, elle est tout sauf de l'indifférence.
Ne rejette-t-on pas par peur de s'abandonner, de se laisser aller, d'abdiquer ses défenses ?
De renoncer à cette conscience de soi qui nous aliène à notre propre individualité, et nous empêche de nous fondre à l'ordre naturel des choses, à l'harmonie pacifiée du monde ?
Pacifiée, car l'Islam, étymologiquement (par cette racine arabe "سلم/slm" qui donne aussi Salam) c'est avant tout la paix.
Être musulman, ce n'est pas renoncer à ce qu'on est (français, ou chinois, ou africain...) pour devenir arabe, mais s'abandonner à la paix de la loi divine, celle-là même qui régit l'univers.
C'est s'élever spirituellement, en cherchant la perfection morale, la vertu, l'excellence.
C'est se purifier de la haine, de la colère, de la jalousie, de la violence, afin de trouver paix et harmonie.
Et cela commence par la renonciation délibérée, volontaire, sans contrainte, à ce qui entretient tout ça : alcool, drogue, sexe, passion, idolâtrie, fanatisme...
Ces "interdits" élémentaires de l'Islam ne représentent en réalité que le début de la délivrance.
Ils n'impliquent pas d'abdiquer ce qu'on est, mais de le purifier.
Tout comme j'ai gardé en moi l'engagement de ma jeunesse, mais débarrassé de la haine, de la rage, de la violence, pour n'en conserver que les valeurs de fidélité, d'honneur, de famille, d'engagement et de respect de la parole donnée...
Tout comme mes frères anciennement communistes se sont purgés de la haine mortifère du bourgeois, pour se recentrer sur les valeurs d'humanité et de tolérance.
Et par la communion de l'Islam, nous nous enrichissons mutuellement de ces valeurs essentielles.
Mais avant cela, beaucoup d'entre nous détestaient l'Islam.
Comme je les comprends !
Cette haine, c'était juste notre ego qui luttait contre notre cœur.
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