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L'homme qui m'a tout réappris

Dernière mise à jour : 25 août 2019

بِسْمِ اللهِ الرَّحْمٰنِ الرَّحِيْمِ


On apprend à tout âge.


Et même quand on croit tout savoir, on se rend compte qu'on ne sait rien.

À 40 ans, j'étais de ces hommes blasés, qui se croient accomplis parce qu'ils ont souffert - ce qui les autoriserait à ne plus changer, à figer leur vision du monde dans une espèce de certitude égoïste :


Je souffre, donc je sais, et j'ai forcément raison (puisque je vous dis que je souffre !).


C'était il y a 4 ans - presque 5.


Pourtant, j'ai rencontré un homme singulier qui m'a tout réappris.


Ce n'était pas gagné, puisque nul à mes yeux ne trouvait grâce que celui qui partageait mon avis de grand malheureux, de victime éplorée.


L'homme aime tant souffrir ! Ça le renvoie à lui-même, et il en jouit : MOI JE souffre, MOI J'ai mal, MOI JE vais mourir... Regardez MOI, plaignez-MOI, entourez-MOI d'attention...

MOI, MOI, MOI...


La pleurniche victimaire est même devenue une institution très lucrative, dont certains ont fort opportunément préempté les droits exclusifs - mais c'est une autre histoire...


Bref, cet homme si particulier, sans rien me dire directement, par sa seule fréquentation, par l'exemple de son comportement au quotidien, m'a réappris les fondamentaux de l'existence.

Il m'a réappris la patience, et à endurer les épreuves : car dans notre société de consommation individualiste, où tout nous est dû immédiatement, on a hélas perdu le sens de l'acceptation, et on trépigne comme un enfant gâté à la moindre frustration.


Il m'a réappris à m'oublier pour considérer l'autre (à commencer par mon proche voisin), en l'honorant par le service rendu et l'entraide : car dans notre système hyper sécurisé, où il nous faudra bientôt rentrer un code pour ouvrir notre frigo, on nous a appris à voir notre prochain comme un ennemi potentiel.


Il m'a réappris à ne pas gaspiller : car dans nos pays dits "civilisés", où on laisse allègrement couler l'eau du robinet pendant qu'on se brosse les dents, on oublie que les ressources naturelles sont précieuses et que certains meurent d'en manquer.


Il m'a réappris le bon comportement avec les animaux - et pas seulement à ne pas leur faire du mal, mais aussi à leur prêter attention et affection : car dans notre société matérialiste, où on pratique la vivisection à des fins commerciales, on a oublié qu'une vie, c'est une vie, et que celle d'un moucheron mérite autant de respect que celle d'un être humain.


Il m'a réappris à aimer mes parents, et surtout à être prévenant avec eux : car dans notre vie contemporaine, on considère qu'ils ne sont que des domestiques à notre service, qui nous doivent tout et à qui on ne doit rien.


Et bien d'autres choses élémentaires encore.