Le 28 septembre 2002, dans une note (in Carnets de Route, 2ème saison), j'indiquais que Malevitch (à propos de son Carré blanc sur fond blanc) s'était laissé vaincre par l'absolu, absorber : il n'avait pas capturé l'absolu, mais l'absolu l'avait englouti et annihilé, en tant que conscience agissante.
Aujourd'hui, je dirais que son ego s'est raisonnablement éteint dans l'épreuve de la quête d'absolu, par le constat que s'approcher de la Lumière implique nécessairement d'être pris en elle : plus on touche l'Immense, plus on rétrécit à son contact : qu'un humain approche le soleil, et il se verra inévitablement consumé.
Du Bouchet, dont la poésie laissait de plus en plus de place aux blancs, était sur cette voie - les quelques mots restants sur la page n'étant jamais que les résidus de son ego déclinant.
La quête de l'absolu passe nécessairement par cette impitoyable extinction.
Michaux cherchait à s'abolir dans la mescaline ; les surréalistes, déjà, par l'écriture automatique.
Rimbaud s'est tué comme poète pour changer de vie.
Nerval, lui, s'est pendu...
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