بسم الله الرحمن الرحيم
Hier soir, en parcourant quelques suggestions de contacts Facebook, je suis tombé sur le profil d'une jeune fille qui se déclarait amoureuse de littérature : prétendu écrivain, je me suis dit qu'il s'agissait là d'une bonne occasion de m'attacher une lectrice, et je lui ai lancé une invitation en me frottant les mains, convaincu que j'étais de pouvoir fidéliser une groupie à bon compte.
Mais tout ne s'est pas passé aussi facilement que je l'escomptais.
Au bout de quelques minutes, elle m'a demandé pourquoi cette invitation, et j'ai commencé à lui exposer qui j'étais et ce que je faisais.
S'en est suivi un questionnement en rafale, sur le rythme d'un interrogatoire, ponctué de remarques ironiques et vaguement impertinentes.
J'ai joué le jeu un certain temps, mais j'ai fini par voir rouge et dire à la jeune fille que son comportement était juste déplacé, qu'elle n'avait pas à me cuisiner de la sorte, que j'étais manifestement son aîné, et qu'elle devait sérieusement se remettre en question.
Loin de s'excuser, elle a pris mes remarques de haut, non sans dédain, et l'échange a tourné court.
Offensé, outragé, indigné, sûr de mon bon droit, cet épisode m'a perturbé et incliné à la réflexion, car j'avais bien conscience de n'être pas tout blanc dans ce flop relationnel, par ma réaction épidermique.
C'est ce midi que tout m'est apparu comme une évidence.
Il n'y a pas de hasard et tout a du sens.
Si ALLAH ﷻ m'avait mis dans cette situation, c'est qu'il y avait une raison.
Pourquoi, déjà, avais-je invité cette fille avec l'idée de promouvoir mon travail – ce que je ne fais jamais ?
Et pourquoi cette confrontation avec une personnalité urticante, au comportement insolent ?
Pourquoi cette personnalité se manifestait-elle sous les traits d'une jeune fille, et pas d'un vieux notable ?
C'est qu'ALLAH ﷻ avait voulu m'éprouver en me confrontant à, et en m'alertant sur mes failles latentes et mes points d'orgueil refoulés – savoir :
Cette suffisance empreinte de fausse modestie par rapport à ma production littéraire – car même si on ne se l'avoue pas, on éprouve toujours de l'orgueil de fournir un travail intellectuel : cet orgueil était le moteur de mon invitation à cette jeune fille, et ALLAH ﷻ avait voulu me montrer la vanité d'une telle démarche, ainsi que la vacuité de son fondement.
Ma susceptibilité, mon accessibilité à la frustration, ma tendance à la colère et à l'impatience : en m'opposant quelqu'un d'insolent, ALLAH ﷻ avait voulu me montrer que j'étais loin d'être guéri de ces inclinations de Nafs, et que j'étais toujours sujet à l'emportement, m'invitant une fois de plus à me remettre sérieusement en question et à me réformer.
L'orgueil de ma posture d'homme mûr et sûr de lui-même : en me laissant humilier par une jeune midinette plutôt que par un vieux sage, ALLAH ﷻ avait voulu me montrer qu'on n'est jamais rien qu'une créature dérisoire.
Messages reçus à 100 %.
Mais surtout j'ai reconnu, dans les traits de caractère de cette petite demoiselle certains des miens : arrogance, impertinence, suffisance : nul doute qu'ALLAH ﷻ avait voulu me confronter à un reflet de mon âme, afin de me faire prendre conscience de ces détestables défauts, et de m'inviter à la réforme.
Cette expérience devait d'ailleurs se renouveler quelques mois plus tard, en la personne d'un jeune frère particulièrement ressemblant qui, me renvoyant mon image, allait me démontrer combien je pouvais être désagréable.
Inutile de dire que la prise de conscience, lorsqu'elle se produisit, fut violente...
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