بِسْمِ اللهِ الرَّحْمٰنِ الرَّحِيْمِ
C'est quand il est vivant qu'il faut profiter du Shaykh.
Le grand regret de ma vie sera de n'avoir pas respiré le parfum de Sidna Shaykh Rajab قدس الله سره, de n'avoir pas touché sa main, de n'avoir pas goûté à la douceur de sa présence physique et de tout ce qu'elle pouvait dégager de chaleureux, de lumineux, de bienveillant.
Et aujourd'hui, je suis "réduit" à l'approcher par ceux qui l'ont côtoyé de près (qu'ils me pardonnent cette formulation), qui ont été dans sa compagnie effective - mais le goût n'est pas le même, et même il est amer : un peu comme ce pauvre type qui a loupé l'événement qui n'arrive qu'une fois dans une vie, et qui passe son temps à se le faire raconter par ceux qui y étaient, plein de regrets et d'amertume.
Mais Shaykh Rajab n'est plus, et les regrets sont inutiles : Il a légué son trésor à des héritiers, et c'est vers eux qu'il convient de se tourner pleinement.
Car comme il le disait lui-même : "Je ne suis qu'une poubelle, et ce que les gens aiment en moi c'est la pièce d'or au fond de la poubelle."
Nous dirions plutôt que cette "poubelle" (qu'ALLAH ﷻ récompense Sidna pour son humilité) était un écrin à la hauteur du joyau qu'elle portait, mais il n'en demeure pas moins que l'écrin est éphémère, tandis que le joyau est éternel.
Alors empressons-nous dans la compagnie des porteurs du joyau (qui n'est autre que la Lumière de Sayyidina Muhammad ﷺ) afin d'en profiter pleinement, autant que faire se peut, auprès de ces gardiens chargés de l'entretenir et de l'aviver.
Car comme tout feu, et même plus que les autres, celui-ci mérite d'être entretenu pour ne pas s'éteindre : et seul le Shaykh vivant est en capacité de le faire - parce qu'il est présent pour le faire, tout simplement ; et parce qu'il en a la capacité, surtout : parce que lui seul, parmi nous, est en lien avec La Source Originelle qui l'attise.
Car ce feu, c'est la projection ici-bas, pour nous autres vivants, de La Lumière Essentielle : c'est lui qui nous rattache à Elle et nous permet, la diffusant jusque dans nos cœurs, de nous emplir de cette chaleur de vie qu'est la foi.
Et ce feu, c'est bel et bien entre les mains du Shaykh vivant qu'il se trouve ; le Shaykh mort, lui, a fini sa mission sur terre, et d'autres tâches l'attendent dans l'au-delà.
Car quand on est au service de l'Éternel, ce service, par définition, ne prend jamais fin.
Je rajouterais que, ton Shaykh, c'est celui vers lequel ALLAH ﷻ t'a guidé ; ne lorgne donc pas sur le Shaykh du voisin - même si son Da'wa est très actif et que ses disciples en font une promotion attrayante : car certains Turuq, de nos jours, ont une approche très "marketing" du Da'wa, et usent très opportunément des moyens de communication modernes pour "vendre" leur Walî.
Aussi, même s'il peut être tentant de rentrer dans leur boutique pour voir ce qu'il s'y passe, cela est un manque d'Adab flagrant - non seulement envers ton propre Walî, mais encore envers ALLAH ﷻ qui t'a guidé vers le Shaykh le mieux approprié à ton cas.
À moins que tu n'y sois dûment autorisé par ton Murshid pour des raisons X ou Y - mais là c'est une autre histoire...