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Le Shaykh, un point de pivot...

Dernière mise à jour : 11 oct. 2023

بسم الله الرحمن الرحيم


Le vrai lien avec le Shaykh a un fondement spirituel bien plus profond que l'interaction matérielle des corps, qui n'est finalement qu'un aboutissement.


Le lien spirituel avec le Shaykh est antérieur à la rencontre matérielle – et pour cause : l'esprit personnel est créé de l'esprit du Walî, qui lui-même est créé de l'esprit d'un Prophète de tutelle, qui lui-même est créé de l'esprit de Sayyidina Muhammad ﷺ : c'est la filiation spirituelle.


En d'autres termes, la rencontre physique avec le Shaykh, comme point de départ du processus ascendant de retour à ALLAH ﷻ, vient parachever le processus descendant de création : on part de L'Esprit Divin Le Plus Pur pour aboutir au corps de chair, et on repart du corps de chair pour retourner à L'Esprit Divin Ruh, et c'est bien la rencontre physique de Shaykh qui vient parachever et sceller cette descente, en même temps qu'elle amorce et initie le retour.


Car Shaykh est l'isthme autour duquel s'articule la vie complète de l'homme, depuis sa conception par ALLAH ﷻ jusqu'à son retour à LUI (il ne s'agit pas ici de sa seule vie matérielle, mais de toute son épopée créaturelle à tous les stades, tant matériels que spirituels).


Shaykh est donc le point de pivot de toute cette "existence" : par lui on prend conscience d'Où on vient – et c'est l'aboutissement de l'étape initiatique de la chute – et par Shaykh on Y retourne – et c'est le début de l'étape initiatique de l'ascension ; mais si on ne passe pas par la rencontre physique de Shaykh, dans le monde matériel, qui est incontournable et nécessaire pour initier le retour du matériel au spirituel, ce retour n'est pas possible, et on reste bloqué au stade de la matière (qui spirituellement parlant correspond au stade de Nafs) – du moins jusqu'à l'inéluctable retour ultime, car dans tous les cas c'est vers LUI qu'est le retour ; mais au lieu de retourner vraiment à LUI, dans Son Paradis, totalement purifié et dans un état de Pure Lumière, on Y revient à l'état de glaise souillée, d'argile crissante, et on se voit refoulé, reclus dans cette chambre de purification, de décontamination, qu'est l'enfer.


C'est là tout le sens des versets 29 et 30 de Surat 89 (Al-Fajr) :

فادخلي في عبادي
وادخلي جنتي

Le vrai retour à L'Essence, au Paradis Personnel d'ALLAH ﷻ (en termes de cosmologie il s'agit du Domaine Divin Ha-Hut), sans passer par la case enfer (qui est aussi un aboutissement mais pas le plus enviable), passe nécessairement par le fait de "rentrer dans les Serviteurs" (فادخلي في عبادي) – c'est-à-dire de s'éteindre en eux, de s'y noyer, de s'y confondre, d'y disparaître – et préalablement de les rencontrer physiquement ; car on ne peut réintégrer leur lumière, de laquelle on est issu (car c'est bien de ça qu'il s'agit), que par la rencontre des corps – et c'est là le pont à franchir, le Sirat Al-Mustaqim : ce pont qui seul permet de s'affranchir du monde aliénant et trompeur de la matière pour réintégrer le monde de L'Esprit et de La Lumière.


Et ce pont, on peut parfaitement prendre de l'avance et le franchir du temps de la vie matérielle ; mais ça n'est pas donné à tout le monde, et beaucoup devront attendre le Jour du Jugement pour s'y engager.


Quoi qu’il en soit, avant cette rencontre des corps dans le monde matériel, il y a bien un lien des esprits – fondamental, essentiel – mais qui s’est estompé quand l’esprit personnel, par son incorporation, a fait son entrée dans ce monde manifeste, ce monde des apparences ; et la revivification de ce lien passe nécessairement par la rencontre des corps dans le monde matériel – et la vie terrestre n’est jamais qu’une étape initiatique, une épreuve consistant à retrouver ce corps du Shaykh, par quoi l’esprit personnel va se raccrocher à l’esprit du Shaykh – qui n’est jamais que son esprit source ; et c’est en ça que la rencontre des corps n’est jamais qu’un aboutissement – l’aboutissement de cette période de vacance qu’est la vie terrestre, pendant laquelle les esprits étaient séparés ; car c’est la vie terrestre qui sépare les esprits, et par elle qu’ils doivent se retrouver – mais par les corps interposés ; et c’est là encore une étape initiatique qu’on ne peut pas éluder.




Tous droits réservés © Stéphane Abdallah ILTIS / Abu Al-Huda : toute reproduction interdite, même partielle, sans autorisation préalable de l'auteur.

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