بِسْمِ اللهِ الرَّحْمٰنِ الرَّحِيْمِ
Beaucoup confondent "avoir un Shaykh = avoir un guide spirituel" et "avoir un Shaykh = avoir un supérieur hiérarchique".
Il ne s'agit en aucun cas de se ranger sous l'autorité exclusive et contrainte d'une créature d'ALLAH, fût-elle un puits de science, attendant ses ordres pour respirer et bouger.
L'Islam sunnite, contrairement à l'Église ou au chiisme, n'a pas de hiérarchie : les imams sont là pour diriger la prière et être imités ; les ulamas sont des référents juridiques que l'on consulte pour des points de droit - en d'autres termes, des conseils : tous sont au service de la Umma, mais en aucun cas ne sont des despotes, et n'imposent d'autre autorité que celle de la politesse et du respect élémentaires dus à leur science.
Quant-à ceux qui prétendent pouvoir s'affranchir de la tutelle et de la guidance d'un Shaykh comme guide spirituel, ils mésestiment grandement l'âpreté du chemin à parcourir :
Car la foi islamique est bien un cheminement, qui part de l'Islam pour aboutir à l'Ihsan, en passant par l'Iman : le but étant de parvenir à la piété, c'est à dire à la pureté de l'âme et du cœur, pour se rapprocher au plus près d'ALLAH.
Or, cette purification ne s'improvise pas et, véritable parcours initiatique, exige des méthodes et des connaissances que seul un maître initié (qui a déjà fait le parcours) peut délivrer : si cela était si facile, le bas monde serait rempli d'hommes pieux, et il suffirait de prier et de jeûner pendant le mois de Ramadan pour être un saint.
Mais beaucoup de nos frères et sœurs respectent les 5 piliers de l'Islam (la partie apparente de la religion) sans pour autant être irréprochables - sans pour autant avoir atteint l'Ihsan évoquée dans le hadith Qudsi ; la grande majorité d'entre eux ignorent même les 6 piliers de la foi.
Prétendre atteindre, seul, cette station de l'excellence, et donc se rapprocher d'ALLAH sans assistance, est bien illusoire : et pourtant, beaucoup disent avoir un rapport direct et privilégié avec ALLAH, et n'avoir besoin de personne pour Le connaître.
C'est qu'ils ne savent pas réellement ce qu'est être un connaissant en ALLAH (un Arifin BiLLAH), un intime d'ALLAH (un Walî) : peut-être même ignorent-ils ces degrés de proximité auprès du Très Haut ? Et pourtant, ils sont avérés par le Coran et la Sunna : ainsi, si ALLAH est avec chacun d'entre nous, chacun d'entre nous n'est pas pour autant avec ALLAH : là est la nuance.
Et prétendre Le connaître directement, prétendre Le rencontrer seul, aller vers LUI sans aide, c'est comme prétendre pourvoir escalader le Mont Everest sans guide qualifié et expérimenté : le sommet est là, devant nous, nous le voyons tous - il nous domine tous - mais l'atteindre exige des connaissances particulières, de maîtriser des techniques spécifiques, de savoir certains secrets - et seule une poignée d'entre nous y parviendra réellement.
Le Shaykh est ce guide de haute montagne, entre les mains duquel on remet sa vie pour atteindre l'objectif, à qui on se confie corps et âme - car on sait qu'il connaît le chemin et qu'il maîtrise la voie.
Cette confiance absolue est délibérée, consciente, relevant du libre arbitre du cheminant.
En aucun cas elle n'est soumission forcée.
Nulle contrainte en Islam.
D'ailleurs le Shaykh ne vient pas nous chercher.
Il n'a pas besoin de nous.
Il a déjà accompli le chemin.
C'est à nous seuls d'aller vers lui et de lui demander son concours.
Qu'ALLAH permette à chacun de trouver son Shaykh qui le mènera vers LUI.
La porte et le cœur du mien sont ouverts aux gens sincères.
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