بِسْمِ اللهِ الرَّحْمٰنِ الرَّحِيْمِ
Même les Murîdin qui ont atteint les plus hauts degrés connaissent le resserrement (Al-Qabd / القبض).
Car le resserrement est profondément humain en ce qu'il résulte d'une émotion - et tout humain connaît des émotions, sinon il ne s'agit pas d'un être humain.
Même Sayyidina Muhammad ﷺ, comme la Sunna en atteste, était sujet aux émotions - et peut-être même plus que quiconque, car plus un cœur est pur et sain(t), plus il est sensible - et les larmes ne sont pas rares chez les gens d'ALLAH ﷻ : Sayyidina Abu Bakr était bien connu, d'ailleurs, pour la fréquence et l'abondance de ses épanchements lacrymaux.
Toujours est-il que certaines émotions sont négatives et procurent le resserrement de la poitrine - et donc un éloignement d'ALLAH ﷻ : car le resserrement occasionne un trouble de la vision du cœur - celle par laquelle La Présence Divine se manifeste en toute clarté au cheminant réalisé.
Et la différence entre les pieux et nous autres, réside non pas dans la capacité à éviter le resserrement, mais dans celle à le maîtriser et réduire aussitôt qu'il se présente, de manière à rester dans la Présence quasi-continue d'ALLAH ﷻ.
Car le risque est que le trouble de la vision dû au resserrement s'accroisse jusqu'à occultation complète - alors le voile retombe, la vision est de nouveau bouchée, et il faut de nouveau engager un travail spirituel fastidieux pour qu'advienne à nouveau l'ouverture (Al-Bast).
Mais les gens d'ALLAH ﷻ ont cette capacité à sentir monter le resserrement et à le neutraliser avant qu'il ne prenne trop d'ampleur.
Et une de leurs astuces, comme nous l'avait révélé Sidna Shaykh Rajab قدس الله سره dans une anecdote personnelle, est d'évoquer un homme pieux : ainsi, à l'occasion d'un resserrement, avait-il provoqué une assise improvisée avec les frères présents, dont le sujet n'était autre que l'évocation de son Shaykh, Sidna Shaykh Ahmad قدس الله سره ; convoquant ainsi l'esprit du Saint Homme avec toute sa Baraka, et faisant ainsi redescendre l'émotion négative, tout en réduisant l'état de Qabd qui en avait résulté
Mais cette capacité à sentir venir le resserrement et à réagir instantanément avec la force appropriée, en soi, exige un très haut degré de réalisation dans la capacité de vigilance (la Muraqaba étant le premier des trois grands degrés de l'Ihsan).
Pour ma part, quand je sens venir le resserrement, je m'efforce d'établir la Rabita avec mon Shaykh - mais il suffit que je le fasse une seconde trop tard pour que le resserrement me gagne ; alors je mets de longues minutes, voire des heures à me sortir de cet état, selon le contexte et les causes qui l'ont provoqué.
Et quand je sens venir la suggestion diabolique et le waswas, c'est l'image de Sidna Shaykh Rajab que je convoque dans mon esprit - et là je dois bien avouer que mon Qarîn se terre la queue entre les jambes, que tout autre Jinni diabolique détale comme un dératé, et que je ne les revois plus pendant un bon moment !
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