Stéphane Abdallah ILTIS

24 avr. 20213 Min

Le Malakut, un monde de transition

Mis à jour : 16 juin 2021

بسم الله الرحمن الرحيم


 
On ne voyage dans le Malakut que pendant le sommeil, ou dans la mort – car le monde intermédiaire (le Barzakh) est bien dans le Malakut.


 
À ce titre il est un isthme plus qu'une séparation nette, un monde de transition, un sas par lequel on passe d'un monde à l'autre, et aussi un point d'échange entre les deux mondes : car les résidents du Malakut ont à la fois des contacts avec les gens du Jabarut (essentiellement les anges) et avec les gens du Mulk.


 
Toutes les expériences de spiritisme, de médiumnité, de Ouija (du Mulk vers le Malakut) – mais aussi les manifestations et phénomènes paranormaux (du Malakut vers le Mulk) se font donc en direction du, ou depuis le Malakut ; idem pour les expériences de mort imminente ou de décorporation – encore que les EMI impliquent de dépasser le Malakut pour arriver aux frontières des mondes de L'Incréé (aux portes du Jabarut, qui est le lieu du Paradis et le monde intermédiaire entre les mondes du crée et ceux de L'Incréé).


 
Le Malakut est vaste (sept cieux) et implique lui-même des degrés et subdivisions : il y a le Mithal, monde imaginal qui serait le monde des morts à proprement parler – donc le Barzakh (on parle aussi de ´Alam Al-Ar´af) – qui est le monde des images et des formes, et de l'imagination ; il y a aussi le monde des Jinn, et nous ignorons les interactions entre ces mondes, mais nous les supposons possibles.


 
Ainsi peut-on tout aussi bien avoir affaire, dans les interactions avec le Malakut, à des esprits qu'à des Jinn – et la distinction entre les deux est parfois difficile, vu la nature retorse des Jinn qui se font volontiers passer pour des défunts, des esprits, afin de tromper leur monde, de manipuler les gens.


 
On a vu que les esprits des morts s'appuient sur des objets ou des lieux pour se projeter dans le Mulk, objets sur lesquels ils ont laissé une empreinte spirituelle qui leur sert de point d'attache ou d'appui.


 
Sur les degrés de la perception : tant que l'œil du cœur (Basira) est fermé, on ne voit qu'avec le Basar (vision physique), et on ne voit avec le Basar que le monde matériel ou monde des apparences (Nasut/Mulk) ; on est alors en retrait des mondes invisibles/cachés, en deçà : on est encore dans l'altérité et la séparation.


 
Quand l'œil du cœur s'ouvre, cela correspond à un mouvement de la Lumière intérieure vers La Lumière extérieure (et vice-versa) : d'abord cette lumière embrasse le savoir mais sans le voir (c'est ´Ilm Al-Yaqîn) ; puis elle perce le voile des apparences et voit le Malakut (c'est ´Ayn Al-Yaqîn) ; puis elle atteint le Jabarut et la Haqiqa (Haqq Al-Yaqîn), puis La-Hut et la Ma´rifa (petit Fana : extinctions ponctuelles et séjours épisodiques dans La Lumière), puis La-Hut et Ha-Hut (grand Fana et Baqa : extinction durable voire permanente et séjour prolongé dans La Lumière).


 
La vision a donc évolué, subissant un glissement d'un point de vue extérieur à un point de vue intérieur, passant du créé à L'Incréé, de l'état de créature à Celui de Créateur ; on est passé de l'altérité à l'Existence, de la séparation à la jonction/fusion.



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