Stéphane Abdallah ILTIS

1 oct. 20213 Min

L'âme et l'esprit

Mis à jour : 2 déc. 2021

بسم الله الرحمن الرحيم

La différence entre l'âme et l'esprit, c'est que l'âme est intrinsèquement liée au corps : elle est ce qui l'anime, ce qui le fait bouger, ce qui détermine ses faits et gestes ; elle en est le prolongement, le corollaire.

L'esprit est ce qui est indépendant du corps – et même son parfait opposé, totalement incompatible : le corps sied à l'esprit comme la cage à l'oiseau, comme les chaussures de plomb au nageur, ou comme l’étang au paquebot de croisière.

Et c'est pour cette raison que, au contact du corps qui a besoin de ses ressources pour se mouvoir, comme un robot nécessite un processeur, il s'est altéré à son contact, s'est dégradé : chaque fois que le corps le sollicite pour une action triviale, matérielle, la partie de lui qui a servi à satisfaire ce besoin corporel se détache, souillée, et va s'agglomérer en un amas corrompu qu'on appelle l'âme.

Car l'esprit, pur, ne peut pas garder une partie souillée qui a touché le corps et, pour se préserver, la rejette : c'est ainsi que l'esprit reste l'esprit – pur, lumineux, divin – et que se forme l'âme.

En d'autres termes, on peut dire que l'âme est cette partie de l'esprit qui s'en est détachée, affectée aux seuls besoins du corps ; et qui, au fur et à mesure qu'elle se développe et prend de l'importance, finit par le dominer complètement.

Un peu comme un enfant timide qui, au départ, obéit et se soumet avec humilité au précepteur qui l'éduque – à l'adulte qui l'élève ; et qui, au fur et à mesure qu'il grandit et prend confiance, finit par le dominer totalement au point de l'écraser.

Oui, l'âme est ce gamin capricieux qui évolue en adolescent prétentieux et arrogant, avant de devenir cet adulte égaré complètement irrécupérable, voire incontrôlable.

Alors que, avant de se corrompre au gré des interactions de l'existence, il n'était, dans le ventre de sa mère, avant que ne se rompe le cordon, que pur embryon directement relié à sa source de vie.

Mais comme l'adulte égaré garde au plus profond de son être le souvenir de sa vie amniotique et de sa pureté originelle, au retour de laquelle il aspire toujours plus ou moins consciemment, l'âme souillée souffre, en secret, de cette nostalgie de son état de pur esprit, qui la liait directement à La Source de Toute Lumière.

Et comme ALLAH ﷻ est Généreux, Il lui a ménagé cette possibilité de recouvrer cet état originel par un processus de purification en sept étapes, la faisant passer successivement de la station de l’âme instigatrice du mal (An-Nafsu Al-Ammara Bi As-Su'i), à celle de l’âme parfaite (An-Nafsu Al-Kamila), en passant successivement par les degrés de l’âme qui se blâme (An-Nafsu Al-Awwama), de l’âme inspirée (An-Nafsu Al-Mulhama), de l’âme apaisée (An-Nafsu Al-Mutma’inna), de l’âme satisfaite (An-Nafsu Ar-Radiya), et de l’âme agréée (An-Nafsu Al-Mardiya).

Ce processus, c’est le cheminement initiatique ou Suluk, qui se fait par la voie (Tariqa) menant de la Shari´a à la Haqiqa – de La Loi d’ALLAH ﷻ à la vérité cachée de l’univers – et ce cheminement ne peut se faire que sous la supervision d’un guide qui connaît le chemin pour l’avoir déjà parcouru jusqu’à L’Objectif : le Shaykh Murabbi ou Walî Murshid.

Tel est Le Décret d’ALLAH ﷻ Qui fixe la règle intangible du retour à LUI.

Et quiconque s’en écarte, prétendant par exemple pouvoir s’affranchir d’un maître éducateur, par orgueil ou refus d’entendre Les Signes Clairs, court assurément à sa perte – car tout cela se trouve détaillé dans Le Livre au sujet Duquel il n’y a aucun doute.



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