Stéphane Abdallah ILTIS

24 août 20215 Min

Réunification

Mis à jour : 31 oct. 2021

بسم الله الرحمن الرحيم

Le but, le sens de la création, à terme, c'est de réunifier en ALLAH ﷻ, par le retour à ALLAH ﷻ, toute la lumière qui s’y trouve éparse, en la purifiant des voiles multiples sous lesquels elle se cache, jusqu’à ce que, enfin revenue à La Lumière Source et confondue en elle, il ne subsiste plus que Lumière.

Quoiqu’il arrive, cette réunification se produira, dans l’au-delà, car c’est vers LUI qu’est le retour, inéluctablement – et ne subsistera donc, à la fin des fins, que Sa Face.

Mais pour certains élus, qu’Il aime et qui L’aiment, cette réunification se fait, dès la vie terrestre, chez LUI, dans Son Propre Paradis, via ces Pôles que sont les Awliya : c'est vers eux que convergent leurs âmes, car ils sont la source muhammadienne vers laquelle ils sont ramenés, par Permission d'ALLAH ﷻ (Qur'an 89:27-28-29-30) :

يَٰٓأَيَّتُهَا ٱلنَّفْسُ ٱلْمُطْمَئِنَّةُ
Ô toi âme apaisée
ٱرْجِعِىٓ إِلَىٰ رَبِّكِ رَاضِيَةًۭ مَّرْضِيَّةًۭ
Retourne vers ton Seigneur, satisfaite et agréée
فَٱدْخُلِى فِى عِبَٰدِى
Entre dans Mes Serviteurs
وَٱدْخُلِى جَنَّتِى
Et entre dans Mon Paradis


 
ALLAH ﷻ nous informe ainsi que l’âme purifiée (arrivée, au terme de son cheminement, aux degrés de l’apaisement – An-Nafsu Al-Mutma’inna, de la satisfaction – An-Nafsu Ar-Radiya, et de l’agrément – An-Nafsu Al-Mardiya), est invitée (au sens de autorisée, admise) à pénétrer dans le cercle fermé des Serviteurs que sont les Awliya – et il y a là un double sens, d’où l’emploi du pluriel :

Il s’agit pour elle (l’âme purifiée du Murîd) de rentrer, d’une part, dans un sens particulier, DANS le cœur de son Walî (de son Shaykh), et de s’y éteindre : et c’est là que, accédant à la lumière de L’Homme d’ALLAH ﷻ et délivrant la sienne propre (les deux lumières se confondant en une seule), elle accède au degré ultime de l’âme accomplie (An-Nafsu Al-Kamila).

Mais il s’agit aussi pour elle, d’autre part, dans un sens général, par voie de conséquence, de rentrer PARMI Les Serviteurs d’ALLAH ﷻ, en qualité de Walî.

Quoiqu’il en soit, entrer dans le Walî en tant que Murîd éteint en lui, et donc entrer dans la Walaya, c’est entrer dans la lumière muhammadienne : car le degré de la Walaya, c’est le point de convergence vers cette source ultime (avant L’Origine – Ar-Rahman) qu'est la lumière de Sayyidina Muhammad ﷺ.

Car toute la lumière de toute la création est issue de la lumière d'essence divine de Sayyidina Muhammad ﷺ, qui s'est répartie dans l'univers selon le processus exposé dans le Hadith dit de Jabir, et revient nécessairement à la lumière de Sayyidina Muhammad ﷺ, avant le retour ultime à ALLAH ﷻ.

Car une fois revenue à son état originel de lumière muhammadienne élémentaire, telle que créée par ALLAH ﷻ après qu'Il l'eût détachée de Sa Propre Lumière (donc revenue à son état le plus pur car le plus proche, dans son essence, de La Lumière Divine Originelle), la lumière de la création, confondue, fusionnée, réunifiée en la lumière muhammadienne, en cette matrice où elle s'était scindée en une multitude d’états et de créatures, se trouve à La Porte de L'Origine, prête au retour à L'Essence Divine.

Alors, elle n’a plus qu’à franchir l’étape ultime (et l’emploi de la conjonction et/وَ atteste bien qu’il s’agit d’une étape distincte de celle du seul retour à la lumière muhammadienne) de l’entrée au Paradis d’ALLAH ﷻ, qui désigne ici Son Domaine, Le Domaine de L’Incréé (La-Hut, Ya-Hut, Ha-Hut).

Mais c’est bien parce que la lumière muhammadienne a été scindée en une multitude d’états et de créatures dans le bas monde, qu'il convient d'abord d’aller chercher la lumière dans la création, dans les créatures, et donc d'aller à la découverte de l'univers, de l'explorer sous toutes ses formes et par tous les moyens que mettra ALLAH ﷻ à notre disposition : moyens de transport pour l’exploration géographique, moyens techniques pour l’exploration scientifique, moyens humains (comme les langues et le langage) pour l’exploration sociale... ; c'est là le sens de la notion de « voyage pour ALLAH ﷻ », Qui nous invite continuellement, dans Son Livre, à l'exploration, à la réflexion, à la curiosité, notion qui tend à la découverte de la Haqiqa Muhammadiyya – la découverte de la réalité muhammadienne cachée de l’univers...

Autant la création peut être un leurre et un piège par sa beauté et la profusion de ses dons, pour quiconque ne verra qu'eux et le profit immédiat qu'ils procurent, autant elle demeure le moyen premier de chercher et connaître ALLAH ﷻ par la découverte et la contemplation de la Haqiqa Muhammadiyya ; et pas forcément besoin, pour se consacrer à cette quête, de se précipiter dans les galaxies ou les profondeurs de la terre et des océans (même si ces explorations sont tout aussi nécessaires et enrichissantes) : aller vers son frère en humanité, déjà, est un moyen élémentaire de s'enquérir de la lumière éparse et cachée sous les apparences (Az-Zahir), sous l'écorce (Al-Qishr), car ALLAH ﷻ nous informe qu'Il a fait de nous des peuples et des tribus pour que nous nous entre-connaissions (Qur’an 49:13).

Pour la bonne et simple raison que notre frère en humanité est notre reflet et finit par nous renvoyer, comme un miroir, nous la révélant pleinement, notre propre lumière qui jaillit de de nos cœurs.

Pourvu qu’il y ait l’Amour, sans quoi rien n’est possible.

Car c’est l’Amour qui fait luire La Lumière Source au plus profond des cœurs, et Lui permet de Se refléter sur le Muhammad ﷺ en nous (Qur’an 49:7) – ou plutôt sur notre cœur muhammadien, qui finit par la renvoyer et la faire rayonner dans tout l’univers.

Et notre cœur muhammadien, c’est ce récipient de cristal (zujajat) du verset dit « de la lumière » (Qur’an 24:35), allumé de cette huile d’un olivier béni (shajaratin mubarakatin zaytunatin) qu’est la lumière muhammadienne (comme si cette huile était enfermée, contenue dans les parois du récipient), qui [son huile] brille « presque » (yakadu zaytuha yudi-u) du Feu (La Lumière Source) de la lampe (misbah) ; lequel, sans la toucher directement (walaw lam tamsashu narun), la pénètre de son rayonnement, comme la lumière pénètre l’ambre.

Cette superposition de lumières (lumière sur Lumière : nurun ´ala nur : la lumière muhammadienne dans le récipient de cristal, qui recouvre La Lumière Source dans la lampe) formant comme un astre brillant (kawkabun durriyyun), dont le noyau est donc La Lumière Source – La Lumière Divine La Plus Pure, Celle originellement insufflée dans le cœur de l’homme sous forme de Ruh (Esprit) – Qui transmet et diffuse à toutes les strates, toutes les couches superposées, tous les voiles, par rayonnement, Son Éclairage Essentiel : La Vie.

Cette Lumière Source Que fait donc luire l’Amour ; Amour qui Lui permet, La faisant rayonner, de pénétrer la lumière muhammadienne, qui La capte comme un miroir et La renvoie, La réfléchit au reste de l’univers.

Et c’est ainsi que les purifiés parvenus au stade (Maqam) de la lumière muhammadienne et de la Walaya se retrouvent, par la seule force de l’Amour du Shaykh (qui recouvre celui de Sayyidina Muhammad ﷺ et, in fine, d’ALLAH ﷻ), envahis et submergés par La Lumière Divine La Plus Pure, Dont ils rayonnent à la face de la création égarée, comme autant de phares dans les ténèbres indiquant la direction (Qibla) aux navires en perdition.

Et mêlés à Cette Lumière, confondus, éteints en Elle, (ré)unifiés en Son Sein, ils ont ainsi répondu à Son Invitation et sont entrés, de fait, dans Son Paradis.



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