بِسْمِ اللهِ الرَّحْمٰنِ الرَّحِيْمِ
Nous avons tous eu dans notre vie un premier décès marquant : jusque-là nous cheminions avec joie et insouciance, et soudain le destin s'est rappelé à nous en faisant tomber sur un proche son terrible couperet.
Des années ont passé, puis un autre décès a suivi.
Puis un autre.
Puis un autre...
Et nous avons commencé à nous habituer.
Mais un jour, nous faisons le bilan et nous nous rendons compte que notre existence est cernée par la mort, que peu à peu nos proches disparaissent les uns après les autres.
C'est le rappel que le compte à rebours a commencé.
Qu'il convient peut-être de se retourner et de considérer ce que fut notre vie jusque-là, où elle nous a menés à ce jour, et surtout quelle est la direction que nous prenons.
Car un jour nous serons les derniers : de notre génération, de notre entourage proche, il ne restera plus que nous.
Nos parents ne seront plus qu'un lointain souvenir teinté de remords.
Nos épouses, ou nos époux, seront partis, et par le vide qu'ils laisseront, nous mesurerons à quel point ils étaient importants, à quel point ils remplissaient nos vies, à quel point nous les avons négligés.
Nos frères et sœurs nous quitteront les uns après les autres, et nous réaliserons avec effroi que nous les avions oubliés, parfois méprisés, parfois même haïs, happés que nous étions par nos vies mondaines, nos carrières, nos maisons, nos voitures...
Et nous repenserons à nos jeux d'enfants, à nos quatre cent coups, et il ne nous restera plus que ça d'eux.
Et nos amis, que nous aimions particulièrement quand nous en avions besoin, pour nous épancher et nous lamenter, mais qui nous saoulaient avec leurs problèmes quand pour nous tout allait bien.
Et nos ex, avec qui nous avons eu des enfants, à qui nous avons mené une guerre effrénée - jusqu'au jour où la faux réduit à néant ce conflit qui d'un coup nous paraît bien dérisoire - mais qui aura monopolisé tant de temps et d'énergie perdus en vain.
Car quand notre corps descend dans le froid de la fosse, il ne reste plus rien de tout ce qui nous occupait et nous accaparait au point de nous éloigner des autres.
Oui, un jour nous réalisons que nous sommes seuls.
Que nous sommes vieux.
Que nous avons un rendez-vous imminent avec l'ange de la mort.
Alors nous nous tournons vers nos enfants, mais ils sont occupés par leurs vies mondaines, leurs carrières, leurs maisons, leurs voitures.
Jusqu'au jour où eux-mêmes se rendent compte que la mort les cerne, qu'ils sont vieux, et qu'ils ont négligé ceux qui les aimaient...

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