بسم الله الرحمن الرحيم
Tout au long de ta vie matérielle, tu vas éprouver des sensations insufflées par ALLAH ﷻ via le canal de transmission qu'est Ruh – mais programmées, prédéterminées, se déroulant conformément au film ou au jeu de ton destin – qui vont générer des situations comme autant de portes et d'épreuves.
Ces sensations vont donner lieu à des perceptions (qui sont autant d'interprétations), et vont se traduire en intentions, en choix, et en actes (qui sont autant de réactions, ou de transformations de la sensation selon la perception qu'on en a – sachant qu'une simple pensée peut être considérée comme un acte ; car dans l'absolu une pensée – qui ne fait jamais que traduire, la transformant, la perception qu'on a d'une sensation – peut être contrôlée et refoulée comme un acte).
Et ces intentions (sur quoi tu seras jugé, avant même que d'être jugé sur les actes – car on sait bien que l'action ne vaut que par l'intention) seront à la fois l'indicateur, le révélateur de ton état du moment avec ALLAH ﷻ : ce sont elles qui vont déterminer le positionnement du curseur vertical de ton identité ("toi" : ce par quoi on t'identifie en tant que créature), dans le cœur, entre Nafs et Ruh, parmi les sept degrés de l'âme qui jalonnent le cheminement de purification (Suluk) ; et ils seront à la fois ce qui va éventuellement le faire bouger, déterminer son positionnement suivant ; c'est, ainsi, la manière dont tu interprètes (perçois) et transformes les sensations, qui révèle et détermine l'état de voilement ou de dévoilement de ton cœur, et qui augmente ou réduit le voilement : ainsi, si le curseur ("toi") est sur le plus bas degré de l'âme (l'âme instigatrice du mal), tu es complètement voilé et soumis à l'ego, mais s'il se trouve (si tu te trouves, "toi") sur le plus haut degré de l'âme (l’âme parfaite), tu es complètement dévoilé et divin (Rabbani) ; et si, confronté à une sensation, tu réagis par le mal (en pensée ou en acte), ton cœur, conformément à La Loi d'ALLAH ﷻ se tache et se voile, et le curseur descend ou reste en-bas ; si en revanche tu réagis par le bien, ton cœur se purifie, et le curseur monte ou reste en-haut.
Cette variabilité du curseur, par sa tendance à faire le yo-yo, est le témoin de l'état instable du cheminant intermédiaire, dont le cœur a connu les plus grandes ouverture, oscillant entre les plus hauts degrés et les plus bas par une certaine propension à retomber dans le péché : ce cœur, qui a connu l'extinction en ALLAH ﷻ (Fana), n'a cependant pas atteint le degré de la permanence (Baqa), et connaît encore des moments d'oubli (Ghafla) pendant lesquels il se trouve assujetti à son âme instigatrice, et donc au diable, et retombe dans l'ignominie des péchés les plus vils ; c'est typique du cheminant qui, avant la foi, a connu la mécréance et baigné dans le péché, et dont le cœur garde, comme un souvenir, la trace parfois presque indélébile de certaines turpitudes : quiconque a goûté au péché en conserve le goût au plus profond de sa chair (et donc de son âme) et reste potentiellement soumis à sa tentation, et il lui faut des années de Dhikr, de retraites et de jeûnes, pour en venir à bout et s'en sevrer parfaitement.
Et c'est là tout le paradoxe de ces cheminants qui côtoient tout à la fois, presque simultanément, La Lumière La Plus Pure et les ténèbres les plus sordides.
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(À la naissance, le curseur de l'identité, du proprium, est au plus haut degré, le seul existant à ce moment : c’est l’état de Fitra ; puis, avec le jeu des besoins du corps – légitimes ou pas, licites ou pas – se forme très rapidement le plus bas degré de l'âme instigatrice, où, simultanément à sa formation, descend le curseur de l'identité : au fur et à mesure que se constitue cet ego, le cœur du cœur le suit, focalisé dessus [le "cœur du cœur" – l’identité, le proprium, "toi" – ne doit pas être entendu comme un point fixe mais comme une variable verticale] ; cela intervient au sortir de la petite enfance et dès la pré-adolescence : c'est la période où on prend pleinement conscience de la matière et du corps et où, n'ayant quasiment aucune bride d'ordre spirituel, on donne libre cours à tous les désirs, accédant au péché : on apprend là à mentir, à voler, à tricher, à médire... pour satisfaire ses pulsions et instincts ; là, l'ego est pleinement formé et le curseur positionné dessus, et à partir de là on interprète les sensations – on perçoit – selon ce positionnement, avec le cœur voilé, et l’œil du cœur (Basira) aveuglé, et on va commettre un maximum de mauvaises actions ; la seule chose qui soit susceptible de faire remonter le curseur, c'est le Dhikr car, selon le processus inverse, l'âme instigatrice va peu à peu s'effacer, remontant progressivement vers Ruh, et le curseur va naturellement le suivre ; mais comme certains péchés sont particulièrement tenaces et certaines taches quasi indélébiles, l'âme instigatrice, telle un souvenir persistant, faite de l'accumulation de ces péchés et de ces taches, ne s'efface pas complètement, et il arrive que le curseur y retombe lourdement ; alors intervient l'Amour, qui va agir comme une bride/un modérateur, empêcher le curseur de l'identité de chuter à nouveau, pour in fine le tirer vers le haut selon son intensité – un peu à la manière d'un élastique : non seulement il freine la chute mais l'inverse ; dans l'ordre des choses, c'est donc la purification par le Dhikr qui précède la remontée du curseur et les bonnes actions, les déterminant ; mais ce ne sont pas les bonnes actions qui purifient : elles ne sont pas la cause mais la conséquence et l'indicateur de la purification, en plus d'être à charge ; n'en demeure pas moins la subsistance de l'âme instigatrice qui, au moment de faire un choix, d'exercer le libre arbitre, peut se rappeler à l'identité et, exerçant une influence négative, faire rechuter lourdement le curseur ; contribuant ainsi à sa propre régénération et engendrant les mauvaises actions qui témoigneront de la rechute ; c'est alors l'Amour qui fera la différence, en agissant comme force contraire et en empêchant le curseur de l'identité, le tirant vers le haut, de retomber au niveau le plus bas –celui de l'âme instigatrice toute puissante.)
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1) Sensation "brute" ;
2) Interprétation/perception (lecture saine avec l'œil du cœur ou déformée/altérée par les voiles) ;
3) Transformation/réaction en actes posés.
Il y a d'abord la sensation à l'état brut, immuable, prédéterminée.
Cette sensation va être lue et interprétée par le cœur, soit avec la partie souillée (Nafs), soit avec la partie pure (Ruh) : c'est la perception qu'on a de cette sensation.
De cette perception naissent une intention, et éventuellement une action : c'est la phase de transformation ou réécriture, toujours effectuée par ALLAH ﷻ mais en fonction de l'interprétation/la perception, qui ouvre sur de nouvelles sensations et donc de nouvelles situations prédéterminées (car les situations ou portes ne sont jamais faites que d'un ensemble de sensations).
Dans tous les cas, c'est le sujet qui détermine et réécrit par son interprétation (sa perception) et son intention, en vertu du libre arbitre : qu'on le fasse consciemment en étant Rabbani, ou inconsciemment parce qu'on est voilé, on donne toujours l'orientation de sa vie matérielle, on est toujours à l'origine de ce qu'on vit.
Il suffit juste d'être dévoilé pour donner la bonne orientation conforme à La Volonté d'ALLAH ﷻ – vu que dans ce cas c'est LUI Qui perçoit/interprète la sensation, et la transforme ; mais dans le cas du voilement, même si c'est LUI Qui réécrit, c'est en fonction de la perception/interprétation, et de la transformation de Nafs.
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