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Le bon conseil (intervention du 23 avril 2022)

Dernière mise à jour : 7 mai 2022

Voir ICI l'enregistrement de l'intervention.



بسم الله الرحمن الرحيم


On m'a demandé de parler du bon conseil ; je ne vais pas m'attarder ici sur les conditions légales / sur le cadre légal de la Nasiha, parce que je ne suis pas un homme de science, je ne suis pas un juriste, je ne suis pas un Faqih ; je vais plutôt développer la dimension spirituelle du conseil, sur la base de ce que je tiens de mon Shaykh en la matière.


En fait il y a deux façons de conseiller : par ALLAH ﷻ, ou avec son ego.


Souvent, la tentation est grande de conseiller avec son ego : le premier réflexe qu'on a, normalement, c'est de donner son propre avis : c'est humain.


Or, le conseil qui vient de l'ego est nécessairement mauvais.


Parce que tout ce qui vient de l'ego est mauvais, déjà ; et même si le conseil en soi s'avère être le bon, l'intention initiale est de se mettre en avant, de dire "moi je".


Or, l'action ne vaut que par l'intention.


Donc il vaut mieux conseiller par ALLAH ﷻ.


Or, on ne conseille pas comme ça par ALLAH ﷻ : ça implique d'être un connaissant par ALLAH ﷻ.


Et conseiller par ALLAH ﷻ, si on n'est pas un ‘Arif BiLLAH, si on n'est pas éteint en ALLAH ﷻ conformément au Hadith Qudsi (si ALLAH ﷻ n'est pas La Main par Laquelle on prend, s'Il n'est pas Le Pied avec Lequel on marche, s'Il n'est pas La Langue avec Laquelle on parle…), c'est prendre le conseil des Hommes d'ALLAH ﷻ.


Moi, le conseil, je le prends de mon Shaykh.


Et quand mon Shaykh me donne un conseil, j'ai le Yaqîn que c'est Sayyidina Muhammad ﷺ qui me le donne, via la Silsila ; car la Silsila est le canal de transmission, depuis Sayyidina Muhammad ﷺ jusqu'à mon Shaykh.


Donc, si j'ai un conseil à donner, si je me retrouve en situation de donner un conseil (et ça m'arrive parce que ça fait partie du travail qui m'a été confié), je me retourne vers mon Shaykh, car je sais qu'il puise les conseils à la source muhammadienne.


Et mon Shaykh, je le consulte par la Rabita, en interrogeant mon cœur ; et si d'aventure il s'avère que le lien spirituel n'est pas assez fort, je le consulte en lui demandant de vive voix, avec la langue, tout simplement.


Et surtout, je ne me contente pas de donner le conseil : je donne le conseiller en prime ; je renvoie vers le Shaykh.


Le bon conseil, le meilleur conseil, plutôt que de se précipiter à donner son petit avis personnel, c'est donc d'appeler au Shaykh.


D'inviter au Shaykh.


C'est-à-dire à celui qui porte la lumière de Sayyidina Muhammad ﷺ, qui est le Mu’allim, l'enseignant – le conseiller par excellence.


Appeler au Shaykh, lier quelqu'un au Shaykh, c'est lui donner le conseil de synthèse par excellence – car le Shaykh porte et rassemble tous les conseils possibles et imaginables ; il a, par son lien avec ALLAH ﷻ et Sayyidina Muhammad ﷺ, la réponse à toutes les problématiques.


Et ici il faut comprendre une chose capitale : la Sunna prophétique n'est pas circonscrite aux seuls recueils de Ahadith : elle continue, elle se perpétue, elle est toujours vivante ; pourquoi ? Parce que la lumière muhammadienne est toujours vivante, l'esprit du Prophète ﷺ est toujours actif – et c'est justement le rôle des Awliya ALLAH ﷻ de le porter : ainsi, si ton Shaykh te donne un conseil inédit qui n'est pas répertorié dans la Sunna scripturaire, sache que ce conseil vient quand-même de l'esprit muhammadien, et est parfaitement valable.


Car ALLAH ﷻ, dans sa grande sagesse, a veillé à perpétuer, au fil des époques, l'incarnation de l'esprit muhammadien ; parce que le monde bouge, évolue, et on ne peut pas s'en tenir aux seuls Ahadith de l'époque du Prophète ﷺ, car on a besoin d'avis de contemporains qui prennent en compte les spécificités du monde moderne : ainsi, si tu as besoin d'un conseil sur la conduite de voiture (est-ce que ma femme a le droit de conduire une voiture ?), sur les conditions modernes de travail (est-ce qu'il m'est permis de travailler dans un supermarché en France et de mettre de l'alcool en rayons, par exemple, pour subvenir aux besoins de ma famille ?), tu ne trouveras pas directement dans la Sunna scripturaire la réponse à ton cas précis et particulier : aussi, il te faut nécessairement prendre le conseil d'un homme qui à la fois vit à ton époque, et à la fois porte la lumière, la science muhammadienne.


Car une des prérogatives premières du Prophète ﷺ, du temps de son incarnation terrestre, c'était de recevoir des gens qui venaient à lui avec des problématiques bien particulières : il s'agissait quasiment de consultations, qui ne pouvaient se faire que directement, d'homme à homme, de vive voix ; et c'est bien cette tradition que perpétue notamment le Walî : il nous arrive tous, régulièrement, d'exposer directement à notre Shaykh des petits problèmes du quotidien, très ponctuels, très ciblés, qui appellent une réponse immédiate et adaptée que seul l'homme de science, au fait de son époque et connaissant son disciple, peut donner.


Un jour, confronté à un dilemme qui consistait à appliquer littéralement la Sunna écrite, ou à mécontenter mes parents qui ne comprenaient pas le comportement qu'impliquait cette application rigide, mon Shaykh m'a éclairé sur le bon comportement à avoir, qui consistait en un compromis parfait entre la Sunna scripturaire et la satisfaction des parents : j'ai alors compris que la Sunna écrite n'était pas quelque-chose de figé, mais appelant à interprétation ; et qu'elle nécessitait, pour être appliquée au plus juste, qu’on soit détenteur de l'esprit qui la fonde : car seul l'esprit muhammadien peut comprendre, expliquer, et faire appliquer la loi muhammadienne (la Sunna) ; seul l'esprit divin (Rabbani) peut comprendre, expliquer, et faire appliquer La Loi Divine – la Shari’a.


Aussi, les gens qui disent qu'on ne doit pas avoir de Shaykh, que c'est du Shirk, et qu'on ne doit s'en tenir qu'à la Sunna dans sa dimension scripturaire, sont des imposteurs : car ils visent à nous couper de la lumière muhammadienne dans ce qu'elle à de vivant ; car certes il y a la Sunna écrite, qui est une base et une loi, mais il y a aussi la Sunna vivante qu'incarne l'héritier du Prophète ﷺ, qui la prolonge et la complète : c'est ainsi que tout conseil inédit de ton Shaykh fait partie de la Sunna prophétique, car il émane de la même lumière.


Quoiqu'il en soit, la demande de conseil est une épreuve, aussi bien pour celui qui la formule que pour celui qui la reçoit :


Pour celui qui la formule, car si c'est un croyant, il doit être vigilant quant-à la source à laquelle il va puiser le conseil : si tu es musulman, soucieux de chercher La Face d'ALLAH ﷻ, de faire ce qui LUI est agréable, tu dois bien t'assurer que celui à qui tu demandes conseil est un Véridique, un dépositaire de la lumière muhammadienne, qui va te donner le conseil conforme à La Loi et à La Volonté d'ALLAH ﷻ.


Et pour celui qui la reçoit, car il doit éviter de succomber à l'inévitable tentation de satisfaire son ego, son âme instigatrice du mal, et de donner son propre avis qui ne vaut rien : parce que dans ce cas ça n'est pas ALLAH ﷻ Qui conseille, mais lui.


Qu'ALLAH ﷻ nous donne la clairvoyance sur le source du bon conseil, et nous oriente vers les Conseillers Agréés que sont Ses Serviteurs les Awliya – conseillers qu'Il veille à perpétuer d'époque en époque.


Car le bon conseil ne vaut pas par son contenu – quand bien même il reposerait sur la plus parfaite logique, la plus irréfutable démonstration mathématique – mais par celui ou celle qui le dispense, et sur son agrément à le donner :


En d'autres termes il faut avoir le tampon.


Il faut avoir la lumière.


 
 

Tous droits réservés © Stéphane Abdallah ILTIS / Abu Al-Huda : toute reproduction interdite, même partielle, sans autorisation écrite de l'auteur.

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