
Faire triompher le Muhammad ﷺ en soi, à l'éclairage de Surat Al-'Alaq (intervention du 29 mars 2020)
Dernière mise à jour : 30 mars 2020
بِسْمِ اللهِ الرَّحْمٰنِ الرَّحِيْمِ
كَلَّا لَا تُطِعْهُ وَٱسْجُدْ وَٱقْتَرِب
Non, ne lui obéis pas, et prosterne-toi !
C'est ainsi que se termine la Surat Al-'Alaq, 96ème de la vulgate coranique d'Uthman (رضي الله عنه), mais 1ère révélée.
Quel mode grammatical emploie ALLAH ﷻ dans ce verset ?
L'impératif.
Comme dans le premier :
ٱقْرَأْ
Lis !
L'impératif est le mode de l'ordre donné.
Donc, ALLAH ﷻ ordonne.
C'est péremptoire et sans appel.
Et à qui selon vous s'adresse cet ordre ?
À Sayyidina Muhammad ﷺ.
Comme dans la plupart des versets du Livre.
Et cela ne vous interpelle pas ?
Personne ne s'est jamais dit : "Ce Livre ne me concerne pas, c'est une conversation entre ALLAH ﷻ et Son Bien-aimé Sayyidina Muhammad ﷺ" ?
N'y a-t-il pas de quoi se sentir exclu, et frustré ?
Certes, de prime abord.
Mais quelque-chose, en nous, nous dit que ce n'est pas tout-à-fait ça.
Que si ALLAH ﷻ avait voulu faire de ce Livre une discussion confidentielle entre LUI et Son Messager ﷺ, Il n'aurait pas permis qu'il se propage à l'humanité entière.
Donc, il y a autre chose qu'un échange intime et intimiste entre Le Maître et Son serviteur - sinon, il s'agirait quasiment d'un complot (vu l'enjeu), et pas d'un message.
Or, chacun d'entre nous a l'intime conviction, la certitude - Al-Yaqîn - qu'il s'agit d'un message qui lui est destiné, à lui ainsi qu'à tous ses frères humains.
Nous reviendrons plus tard sur cette question de l'interlocuteur apparent et du destinataire.
Revenons pour l'instant à notre dernier verset de Surat Al-'Alaq :
كَلَّا لَا تُطِعْهُ
Non, ne lui obéis pas !
Qui est donc ce personnage à qui ALLAH ﷻ intime de ne pas obéir ?
Un tiers ?
En apparence, oui :
Nous avons tous en mémoire les épisodes dans lesquels les gens de Quraysh empêchaient les premiers musulmans d'adorer - et en particulier celui au cours duquel 'Uqba Ibn Abî Mu'ayt avait jeté sur le dos du Prophète ﷺ les entrailles d'une chamelle alors qu'il était en prosternation.
Ainsi, par la terreur et la provocation, les infidèles parmi les Quraysh faisaient-ils tout pour dissuader les musulmans d'adorer ALLAH ﷻ - et il était très tentant pour les plus faibles d'entre les croyants de se soumettre à cette menace permanente, à ce chantage par la peur.
Mais il y a toujours, dans le Coran, un sens apparent, et un sens caché - comme nous l'a enseigné notre Shaykh bien-aimé.
Ainsi, ce personnage :
qui devient rebelle (كَلَّآ إِنَّ ٱلْإِنسَٰنَ لَيَطْغَىٰٓ) ;
qui estime qu'il peut se suffire à lui-même (أَن رَّءَاهُ ٱسْتَغْنَىٰٓ) ;
qui interdit (أَرَءَيْتَ ٱلَّذِى يَنْهَىٰ) de célébrer la Salât (عَبْدًا إِذَا صَلَّىٰٓ) ;
qui dément et tourne le dos (أَرَءَيْتَ إِن كَذَّبَ وَتَوَلَّىٰٓ) ;
qui ignore que ALLAH ﷻ voit (أَلَمْ يَعْلَم بِأَنَّ ٱللَّهَ يَرَىٰ) ;
ce menteur et ce pécheur (نَاصِيَةٍۢ كَٰذِبَةٍ خَاطِئَةٍۢ) qu'ALLAH ﷻ menace de saisir par le toupet (كَلَّا لَئِن لَّمْ يَنتَهِ لَنَسْفَعًۢا بِٱلنَّاصِيَةِ) ;
et d'appeler contre lui les gardiens de l'enfer (سَنَدْعُ ٱلزَّبَانِيَةَ)...
C'est toi, c'est moi - c'est cette partie de nous-mêmes qui nous incite au mal.
C'est An-Nafs.
C'est l'ego.
Donc, ALLAH ﷻ nous intime ici l'ordre de ne pas obéir à notre ego, sous peine de finir en enfer.
Et Il nous ordonne, à la place, de nous prosterner, et de nous rapprocher :
وَٱسْجُدْ وَٱقْتَرِب
Et prosterne-toi, et rapproche-toi !
Rien dans la Parole d'ALLAH ﷻ n'est anodin.
Et s'Il nous ordonne de nous rapprocher, ET de nous prosterner (dans cet ordre précis, APRÈS avoir désobéi à notre ego, après lui avoir résisté et en avoir triomphé pour cette fois) - c'est que le rapprochement passe par la prosternation - le Sujud - qui est le moment clé de la Salât.
Celui où le Serviteur est censé être le plus proche de son Seigneur.