Stéphane Abdallah ILTIS

14 mars 20213 Min

Le ciel est en toi

Mis à jour : 30 avr. 2021

بسم الله الرحمن الرحيم

Quand on dit "au ciel" en parlant de l'au-delà (en opposition au bas-monde), et en évoquant ALLAH ﷻ, on lève spontanément la tête et les yeux, comme s'il était question de cet espace d'azur qui nous coiffe.

C'est un très mauvais réflexe, qui recouvre une idée reçue parfaitement puérile, un cliché des plus caricaturaux, et qui constitue, d'un point de vue dogmatique, une erreur grossière relevant quasiment du blasphème.

Car ALLAH ﷻ, déjà, ne Se localise pas ; Il n'a pas d'endroit ; Il EST, tout simplement, et ne saurait guère se trouver au-dessus de nous plutôt qu'ailleurs.

Ensuite, si vraiment on Le cherche, ça n'est pas en premier lieu dans l'espace au-dessus, autour et hors de soi qu'il faut Le chercher (même si cet espace regorge des signes de Sa Présence), mais d'abord en soi.

Ainsi, "aller au ciel" implique plutôt un mouvement spirituel intérieur, qu'un mouvement physique extérieur ; et "monter au ciel", s'élever, c'est en réalité RE-monter le courant de sa propre perception, depuis la vision physique extérieure (Al-Basar) jusqu'à la vision spirituelle intérieure (Al-Basira) : en gros, remonter des yeux jusqu'au cœur.

Et le mouvement ascendant, du sol vers le ciel, qu'opère la seule vision physique quand on ne jouit pas de la vision intérieure qui la transcende, c'est en réalité un mouvement descendant qui éloigne du cœur, car on a vite fait de sombrer, de se noyer dans ces nuées infinies qui n'offrent que des interrogations existentielles, cependant qu'on détourne son attention du siège de la Lumière.

Mais quand on a réussi à ouvrir sa vision intérieure (cet œil du cœur qui permet de voir la réalité divine des choses au-delà de leurs apparences, par transparence), on est alors en mesure de percevoir, de ressentir Sa Lumière dans toute chose autour de soi, dans le monde des apparences immédiates : alors il n'est même plus besoin de lever les yeux au ciel physique, il suffit que le regard se pose sur quelque-chose pour y discerner Sa Présence ; et même si les yeux se ferment, le regard intérieur, qui ne fait que décupler la perception du regard extérieur, continue de percevoir la Lumière Divine ; car, nous faisant changer de dimension, il nous a transporté dans le vrai ciel.

Car le ciel, c'est en réalité tout le monde spirituel invisible (notamment composé des sept cieux du Malakut), qu'on voit avec la Basira, et pas cette seule partie du monde physique constellée d'astres où volent les oiseaux (Mulk) ; c'est ce monde supérieur qui, coiffant, englobant le monde apparent, en recèle toute la réalité cachée (Haqiqa) ; et c'est, par métonymie, le cœur qui en est la porte.

Quant-au ciel du monde des apparences, donc, tel qu'on le perçoit avec la vision physique, dans toute sa vertigineuse profondeur, c'est en réalité un no man's land qu'ALLAH ﷻ a créé infini pour nous dissuader d'y chercher quoique ce soit : un vide sidéral qui nous est par définition inaccessible, Haram ; et même si ce vide (pas si vide que ça) est aussi, comme élément de l'univers, une manifestation de Sa Présence via la Lumière muhammadienne qui le fonde, il n'est que création, illusion, décor, apparence – écorce (Qishr).



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