Stéphane Abdallah ILTIS

18 mars 20212 Min

La maîtrise du Dhikr par le souffle

Mis à jour : 19 mars 2021

بسم الله الرحمن الرحيم

Le Dhikr est basé sur le souffle et le rythme cardiaque.

Ton cœur est comme un récepteur radio qui va scanner les ondes du monde invisible et de l'au-delà, et le bouton de réglage, c'est ton souffle, ta respiration.

Pour trouver La Fréquence Divine, tu dois donc réguler ton souffle jusqu'à trouver le bon rythme cardiaque.

Et quand ton pouls est au bon rythme, à la bonne cadence (un rythme très particulier, très subtil, par lequel ton cœur dit : "ALLAH ﷻ", qui ne s'explique pas mais que celui qui a déjà su le trouver connaît), tu es sur La Fréquence Divine.

Tu es en Présence (Hudur) d'ALLAH ﷻ .

Alors les ouvertures se font, et Les Dons Divins – et La Lumière circule en toi, par toi, avec toute La Connaissance.

Mais la régulation du souffle dépend de la capacité du Dhakir à oublier son corps, car son âme charnelle, qui veut garder le contrôle, va se manifester de toutes les manières possibles pour détourner son attention : douleurs, démangeaisons, écoulements nasaux, éternuements, toux, stimulation sexuelle...

Et si ça ne suffit pas, elle va lui inspirer des suggestions égotiques (hawajis).

Suppléée en cela par le mauvais conseiller furtif (Al-Waswasi Al-Khannas) et ses wasawis ; car dès lors que Nafs distrait du Dhikr, elle ouvre la porte au diable (Ash-Shaytan) – qui s'enfuira toutefois dès qu'ALLAH ﷻ sera de nouveau évoqué Seul avec concentration (c'est-à-dire sans que rien ne LUI soit plus associé dans l'esprit).

Quoiqu'il en soit, trouver le bon souffle et la bonne fréquence cardiaque, ça ne suffit pas : il faut d'une part être capable de les maintenir le plus longtemps possible – et de cette capacité dépendent l'endurance du Murîd au Dhikr et à la retraite spirituelle, et donc le bénéfice qu'il en tirera (le Shaykh connaît l'étendue de cette capacité) ; et d'autre part, être capable de les retrouver à chaque séance de Dhikr : n'importe quel débutant peut les trouver "accidentellement" (ALLAH ﷻ est Généreux), sans pour autant être capable de les reproduire – et c'est là toute la différence entre un maître accompli et un simple disciple.

D'où la nécessité d'être initié au Dhikr par un maître aguerri qui en connaît les subtilités : qui sait poser son souffle jusqu'à trouver le bon rythme cardiaque (La Fréquence Divine) ; qui sait contrôler les manifestations de l'âme et du corps ; et surtout qui a la maîtrise constante de ces états (qui alors ne sont plus à proprement parler des états, mais des stations – des Maqâmat).

Oui, le Dhikr est bien plus compliqué que de répéter mécaniquement Le Nom d'ALLAH ﷻ : car, au-delà de ce simple mouvement de la langue, c'est l'être entier qu'il implique, et la capacité à le maîtriser, le dominer, le soumettre au seul esprit ; et cela ne s'apprend pas seul, c'est strictement impossible : car ALLAH ﷻ LUI-même veut que ça passe par un Walî Murshid (Qur'an 18:17).

Si le Dhikr était aussi simple, nous serions tous des Abdal.

Ce qui est bien loin d'être le cas.



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