Stéphane Abdallah ILTIS

30 janv. 20213 Min

L'âme charnelle, ce déni de L'Être...

Mis à jour : 15 avr. 2021

بسم الله الرحمن الرحيم

Quand ALLAH ﷻ dit :

وَنَحْنُ أَقْرَبُ إِلَيْهِ مِنْ حَبْلِ ٱلْوَرِيدِ
Et nous sommes plus près de lui que sa veine jugulaire (Qur'an 50:16),

il faut comprendre : "plus près de son cœur que sa veine jugulaire" ;

Car, par métonymie, on réduit l'homme à son cœur, où est le siège de Ce Qui l'anime – Ce Souffle De Vie Qu'est L'Esprit Divin, donc La Lumière d'ALLAH ﷻ.

Ainsi, par "lui", on entend : "cœur, siège de Ruh"– c'est-à-dire : "cœur, siège de La Lumière d'ALLAH ﷻ" ; et donc : "cœur, siège d'ALLAH ﷻ" ; car comme Il le dit LUI-même :

ٱللَّهُ نُورُ ٱلسَّمَٰوَٰتِ وَٱلْأَرْضِ
ALLAH ﷻ est La Lumière des cieux et de la terre (Qur'an 24:35)

Et comme Cette Lumière Qui EST ALLAH ﷻ siège dans le cœur de l'homme, on peut donc dire que le cœur EST quasiment ALLAH ﷻ, et qu'inversement ALLAH ﷻ EST le cœur de l'homme – cette lampe qui se trouve dans un récipient de cristal (ٱلْمِصْبَاحُ فِى زُجَاجَةٍ), qui se trouve lui-même dans cette niche qu'est la poitrine (مَثَلُ نُورِهِۦ كَمِشْكَوٰةٍۢ فِيهَا مِصْبَاحٌ), pour reprendre la terminologie du verset sus-évoqué dit "de La Lumière" (Qur'an 24:35).

Le cœur de l'homme, auquel on le résume par métonymie, est donc le siège de L'Esprit Divin (Ruh), donc le siège de La Lumière d'ALLAH ﷻ, donc La Lumière d'ALLAH ﷻ (par métonymie), donc ALLAH ﷻ LUI-Même, Qui nous informe être La Lumière des cieux et de la terre ; ALLAH ﷻ n'a-t-Il pas créé Sayyidina Adam عليه السلام (donc l'homme) à Son Image, comme nous le révèle Son Messager ﷺ dans un Hadith célèbre ?

Plus prosaïquement, on se contentera de dire que le cœur, au-delà de cet organe complexe fait de vaisseaux et de tissus, est ce par quoi Se manifeste ALLAH ﷻ ; et dans tous les cas, c'est bien plus que cette pompe à sang par quoi circule l'oxygène.

Donc, si l'homme est son cœur et que ALLAH ﷻ Se manifeste par ce cœur, cela revient à dire que ALLAH ﷻ Se manifeste par l'homme – ou que l'homme est ce par quoi Se manifeste ALLAH ﷻ.

Et c'est bien en ce sens qu'Il est infiniment plus Proche de l'homme que ne le sera jamais un simple organe comme la jugulaire : infiniment plus proche de l'homme que son enveloppe charnelle qui n'est, périphérique, que matière périssable et éphémère.

En d'autres termes, l'homme, par ce cœur qui EST Lumière – qui EST ALLAH ﷻ – est bien plus que cet être de chair, d'argile crissante : ça, ça n'est que son apparent (Zâhir) ; sa réalité cachée (Bâtin) – tellement cachée qu'elle lui demeure voilée, et c'est là son Secret –, elle réside dans cette PLUS grande proximité qu'il n'entretient avec son corps.

Et PLUS que la proximité (plus proche que proche), au-delà de la proximité, il y a La Présence.

L'Être.

Car plus proche encore de moi que ce qui en est déjà proche, c'est moi ; c'est ce que je suis : plus proches de mes yeux que mes lunettes, ce sont mes yeux eux-mêmes...

Mais comme je ne vois pas mes yeux avec mes propres mes yeux, je ne vois avec mes yeux que mes lunettes posées sur mon nez.

Et comme l'homme ne se voit pas, ne voit pas ce qu'il EST réellement (Cette Lumière Qui L'anime), il se réduit lui-même à ce qu'il perçoit en surface : une statue d'argile animée, avec des besoins matériels.

Et même, il finit par se réduire à ces seuls besoins, et à ses passions qui en découlent, et à sa personnalité qui en émerge, qui forgent son âme instigatrice (Nafs).

C'est qu'il s'est contenté, par facilité, de ne plus voir avec son regard physique (Basar) que cette "réalité" matérielle (une illusion en vérité), pour ce qu'elle lui procure de plaisirs immédiats ; et, à force de ne plus voir et contempler que ça, son œil du cœur (Basira) – cette vision intérieure qui lui permettrait de voir sa Haqiqa – a fini par se refermer, privé de Lumière, plongé dans les ténèbres de Nafs.

Et c'est ainsi qu'ALLAH ﷻ est bien plus proche de lui que ne l'est son enveloppe charnelle (et même plus proche que proche), mais que l'homme s'est lui-même occulté Sa Propre Réalité Divine, en s'entourant du voile de l'âme qui est le premier degré du déni – voire de la négation.



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